L'épisode neigeux qui a paralysé l'Ile de France la semaine dernière et qui a provoqué un belle pagaille, avec des milliers de personnes bloquées sur les routes, n'a pas fait de victimes, fort heureusement. Mais, que se serait-il passé si au lieu de rouler dans des voitures thermiques, les franciliens avaient eu une voiture électrique ? "J'aurais été frigorifié et en panne", m'a écrit un de mes amis, dirigeant d'un sous-traitant de l'automobile, et qui importe un modèle de voiture électrique en France. Il précise : "l'hiver en voiture électrique est un autre thème critique, car l'autonomie des batteries par 0 degré est divisée par deux". Par chance, il était ce soir là au volant de sa Peugeot 3008, dont le moteur pouvait tourner pendant des heures pour chauffer l'habitacle... Ce week end, en lisant mon courrier, je pouvais lire également cette interview* de Marc Duval-Destin, directeur de la recherche et de l'ingénierie avancée de PSA Peugeot Citroën : "Par temps froid, un véhicule électrique peut consommer autant d'énergie (5 à 10 kW) pour chauffer son habitacle que pour se mouvoir en ville. L'automobile va devoir penser "isolation thermique" afin de limiter le recours au chauffage ou à la climatisation".
Parmi les constructeurs qui développent des voitures électriques, Mercedes est le seul qui a communiqué sur les essais par grand froid. Le Vito E-Cell a subi une batterie de tests en Laponie à Arjeplog, à une heure de "route" du cercle polaire. L'utilitaire électrique peut continuer à rouler jusqu'à - 30 degrés. Toutes les fonctions ont été testées sur neige et sur le verglas. Mercedes ne précise pas pour autant à combien est descendue l'autonomie, qui est de 130 km en théorie.
Au-delà de la capacité des voitures - et on peut faire confiance aux constructeurs pour trouver des solutions - on peut s'interroger sur la capacité du réseau électrique à faire face au froid. On a pu entendre récemment la ministre de l'Environnement Nathalie Kosciuzko-Morizet déclarer : "s'abstenir de démarrer son lave-linge ou autres équipements électriques pas totalement indispensables vers 19 heures constitue un acte de civisme par grand froid". Ce qui constitue un aveu de faiblesse. Un article du Point, consacré au problème, souligne qu'"avec la généralisation du chauffage électrique en France, les périodes de froid ont un impact très important sur la consommation d'électricité. En hiver, une baisse de 1 C de la température entraîne une augmentation de la consommation d'électricité d'environ 2.300 MW, soit le double de la consommation de la ville de Marseille, selon RTE. En particulier aux heures de retour de l'école et du travail, entre 17 heures et 20 heures". N'oublions pas non plus que la Bretagne, alimentée par une seule ligne à haute tension à 400.000 volts, est régulièrement en panne de courant quand il fait très froid. Même souci en ce qui concerne la région Paca, peuplée de 5 millions d'habitants, et qui ne dispose que d'une ligne de 400.000 volts qui longe sa côte. Le 21 décembre 2009, deux millions d'habitants avaient été privés d'électricité à la suite d'un incident qui avait fait craindre un "black-out" complet" selon RTE, écrit encore Le Point.
Bref, "tout n'est pas si rose dans la voiture électrique", comme l'affirme mon ami, dans le mail qu'il m'a envoyé au lendemain de la tempête de neige en région parisienne.
*Il s'exprimait dans "Axes", le magazine de l'INRETS (Institut National de Recherche sur les Transports et la Sécurité"
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