IBM vient de publier une étude qui montre que l'industrie automobile est à la croisée des chemins. L'enquête, réalisée par l’Institute for Business Value (IBV) et intitulée "En route vers une mobilité plus intelligente – horizon 2020 – d’une industrie de produits à une industrie de services" a été menée auprès de 123 décideurs issus du monde automobile, de la finance, du gouvernement et de grands groupes industriels dans 18 pays. Elle se focalise sur l’évolution du concept de mobilité et présente des pistes de réflexion sur la façon dont les entreprises automobiles vont pouvoir prétendre à une part de revenu dans ce nouvel écosystème. Le message est clair. Alors que le monde change rapidement, et que la mobilité adopte de nouvelles formes - abandon de la propriété au bénéfice de l'usage par la location - les constructeurs ne seront pas forcément les champions de demain. S'ils ne réagissent pas très vite pour s'adapter à la nouvelle donne, ils pourraient se cantonner au rôle de simples fournisseurs, au lieu de contrôler la chaîne de valeur. L’évolution de la mobilité implique un changement radical pour le secteur automobile, qui doit passer d’une industrie orientée produits à une industrie orientée services. Certains diront que ce n'est pas gagné de faire bouger des mammouths.
S’ils possèdent des atouts évidents – connaissance du produit automobile, réseaux de concessionnaires, sociétés financières, marchés captifs – les constructeurs vont devoir changer s’ils veulent pouvoir faire face à l’arrivée des nouveaux entrants sur ce marché. Ils doivent faire face à deux problèmes. Le premier est la concurrence des chinois qui, à coups de rachats de constructeurs à leur portée, vont très vite rattraper le retard sur la voiture traditionnelle et vont surtout aller très vite sur l'électrique. Le second est l'arrivée de nouveaux opérateurs (General Electric, Better Place, Vinci et les loueurs pour la France), qui mettent au centre de leur stratégie la culture du service et pour qui la relation avec le constructeur auto n'est pas un rapport de soumission.
Pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs, les sociétés automobiles devront d'abord proposer un portefeuille produit élargi allant du véhicule thermique au véhicule électrique en passant par le véhicule hybride. Il est intéressant de noter à ce propos que 83% des personnes interrogées dans le monde pensent que les constructeurs doivent faire évoluer leur portefeuille (le chiffre est de 92% en France). L'autre défi est de construire des véhicules plus intelligents et connectés, avec des offres de télématique élargies (infotainement, sécurité, solutions de diagnostic à distance etc.). Toujours selon l'étude, 2 interviewés sur 3 dans le monde reconnaissent qu’il existe des opportunités de développement grâce à la télématique (même chiffre en France).
Mais il faut aussi être capable de combiner l'offre produit avec divers services (intégrant la multi-modalité du transport). Ainsi, interrogés sur les principales tendances à l’horizon 2020, les Français ont répondu que l’évolution se fera essentiellement au travers des services de mobilité à 75% contre 63% dans le monde. Dans ce nouvel écosystème de la mobilité, la capacité à gérer des alliances avec d’autres acteurs afin de proposer des services élargis et innovants sera déterminante. On peut déjà observer l’arrivée de multiples acteurs, extérieurs au monde traditionnel de l’automobile qui se positionnent autour du véhicule électrique et des services (fournisseurs de télématiques, sociétés d’auto-partage, entreprises d’infrastructure, distributeurs de la grande distribution, capital-risqueurs…).
Que font les constructeurs ? On peut citer l'alliance entre Renault et Better Place en Isräel et le Danemark, sachant que le losange s'est doté depuis un an d'une direction nouvelles mobilités qui explore l'auto partage et ces formes nouvelles de déplacement. Pour sa part, Peugeot a lancé son service de location Mu, qui repose sur ses produits et son réseau. Citroën, avec son offre "Facility" et un premier service baptisé Call Car, joue la carte du partenariat avec National Citer (qui est une filiale du groupe PSA) pour proposer un véhicule de location en moins de 3h. La marque aux chevrons se lance également dans l'auto-partage de véhicules électriques avec Carbox sous le nom "Citroën Business Connected". Cette dernière initiative, avec une prestation "tout compris" de gestion de flottes externalisée en BtoB est sans doute la voie à suivre.
Lire l'étude en intégralité :
http://www-935.ibm.com/services/us/gbs/thoughtleadership/ibv-ibm-global-mobility.html