A l’occasion d’un séminaire sur l’électro mobilité à Munich, auquel j’ai assisté, BMW a levé un pan du voile sur le projet Méga City (ou projet i) qui désigne la future voiture électrique qu’il lancera en 2013. C’est le patron du design, Adrian van Hooydonck, qui a révélé les lignes de ce modèle. Il ne s’agit encore que d’un sketch, car le design n’a pas encore été finalisé par le board de BMW. Néanmoins, on devine que l’auto sera à connotation sportive et plaisante à conduire (« fun to drive »). Fruit d’un compromis entre le luxe et le développement durable, la future voiture zéro émission du groupe BMW se tourne vers le futur et emprunte quelques traits au concept Vision Efficient Dynamics du dernier salon de Francfort. Le constructeur bavarois créée ainsi le buzz pour occuper un terrain médiatique qu’il a laissé à d’autres, en particulier l’alliance Renault-Nissan, alors que c’est le seul à pouvoir justifier d’actions concrètes avec 600 véhicules qui circulent dans le monde depuis plus d’un an, et qu’ont pu tester en conditions réelles de vrais clients.
Au-delà de l’annonce médiatique, ce rendez-vous a été l’occasion de discuter technique. Car, chez BMW, on a affaire à des ingénieurs pointus qui aiment relever des défis. Et là, on voit la différence par rapport à la France. Outre-Rhin, on ne fait pas du bricolage. Et la com’, c’est quand on a quelque chose à montrer… Le développement durable n’est pas un vain mot chez cette marque qui a eu le courage de tirer un trait sur la Formule 1 et de se lancer dans une traque des grammes de CO2, à travers le programme Efficient Dynamics. Le pari est d’ores et déjà réussi, avec une moyenne d’émissions comparable à celle d’un constructeur généraliste. Mais, BMW est convaincu que l’avenir passe par autre chose que les carburants. Sa stratégie repose sur l’électrique, ainsi que l’hybride et à plus long terme l’hydrogène*.
*Contrairement à ce qui a pu être annoncé, BMW ne renonce pas à l’hydrogène. Simplement, il ne ne donnera pas suite a priori à la piste de l’hydrogène liquide que l’on utilise dans un moteur conventionnel et va s’intéresser à la pile à combustible.
Il est important de noter que, si la chancelière Angela Merkel rêve de voir un million de voitures électriques sur les routes en 2020 en Allemagne, le constructeur pense qu’à cette date la part de marché du véhicule électrifié (véhicules électriques purs et hybrides combinés) oscillera entre 5 et 15 %. Pour l’anecdote, on rappellera que la première voiture électrique de BMW est apparue en 1972 lors des JO de Munich et qu’un modèle spécifique, la E1, a été présentée en 1993. Ce n’est donc pas une préoccupation d’hier.
Ce que j’ai appris en allant à Munich, c’est que la décision de se lancer dans l’électrique a été prise vers 2012-2007, avant que Renault ne commence son plan média. BMW est allé très vite et a pu présenter à la surprise générale une Mini électrifiée, la Mini E, lors du salon de Los Angeles fin 2008. Et dès 2009, la marque a pu lancer un programme de leasing. Pour 800 $ par mois, et pendant deux ans pour certains, de vrais clients ont pu rouler à l’électrique et au quotidien. Plus de 450 exemplaires ont roulé ainsi aux USA. Les tests ont eu lieu également en Allemagne, à Berlin et Munich, et c’est au tour de l’Angleterre et de la France d’accueillir la Mini E. En France, elle arrivera à partir du mois de novembre. 50 voitures vont circuler dans la capitale et dans l’ouest parisien, dont 25 réservées à des particuliers qui pourront s’inscrire sur le site de Mini, à partir de la mi-juillet. Les heureux élus pourront rouler avec pendant 6 mois, pour un loyer de 500 Euros par mois. L’opération va avoir lieu jusqu’en décembre 2011.
Voir le clip Mini E :
La Mini E est une auto classique électrifiée. Elle a été transformée de façon à pouvoir accueillir la batterie (8 modules de 12 cellules) dans le plancher et le moteur électrique à l’avant. Résultat : elle perd deux places au passage et son coffre est largement condamné. Mais, c’est en quelque sorte un « brouillon » pour tester la technologie des accumulateurs lithium-ion et pour évaluer quels sont les comportements en matière de mobilité. J’ai pu tester la Mini E sur route ouverte dans les environs de Munich et il faut reconnaître que c’est un beau jouet. Le moteur électrique développe l’équivalent de 204 ch. Autant dire que la Mini E est un vrai kart. Elle accélère très fort et se distingue par un frein moteur important. On pourrait presque la conduire sans toucher au frein, car le simple fait de lever le pied entraîne une décélération. Bardée de stickers, l’auto est assez craquante. J’ai pu toutefois mesurer que, quand on s’en sert comme d’un dragster, l’autonomie baisse rapidement. La Mini E est donnée pour 240 km théoriques, ce qui veut donc dire 160 km réels.
Voir le diaporama :
A suivre : l’Active E et le projet Méga City…