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Edito |
On a lu un peu partout sur les news auto en ligne la "nouvelle", à savoir que les actifs - estimés - sont insuffisants pour éponger le passif - estimés - de Saab. Faut-il faire l'étonné au stade où Saab en est?...
D'abord les administrateurs eux-même ont laissé penser que le prix de revente réel (au terme du processus de rachat) des actifs de Saab sera sans doute supérieur à l'évaluation comptable qu'ils en ont dressé. Les administrateurs judiciaires sont en effet tenus à des principes prudentiels qui sont particulièrement difficiles à mettre en oeuvre concernant l'évaluation d'actifs qui ont un marché à la revente très limité en nombre d'acheteurs.
Ensuite, il faut voir que le bénéfice de cette phase de liquidation est justement pour les repreneurs de pouvoir tenir compte des actifs qui les intéressent sans avoir à se préoccuper du passif, à ceci près que, s'agissant d'une vente au mieux disant (le prix d'achat n'étant pas l'unique élément pris en considération, compte-tenu du coût social que cette faillite représente), il faudra voir aussi qui des autres intéressés risquent de mettre plus gros sur la table. A l'issue de la liquidation, le repreneur ne sera pas tenu des anciennes dettes de Saab. Naturellement, certains créanciers seront stratégiques peut-être pour une éventuelle poursuite de la production, mais le repreneur pourra négocier au cas par cas avec eux a posteriori, une fois la liquidation terminée et le rachat des actifs entériné.
En un sens donc, il est évident que la liquidation de Saab a le mérite de permettre un apurement de son passif et surtout, disons-le sans juger qui que ce soit, de repartir - nous l'espérons - avec un actionnaire qui a les moyens, une stratégie exigeante pour le renouvellement du réseau et un avenir économique sur des produits vendeurs de l'image de Saab. Faire table rase, c'est ce que les faits financiers ont condamné la marque Saab à faire. Gageons que le meilleur de son passé sera préservé en termes d'image et que la pelleté de profiteurs sera déjà passée à autre chose depuis longtemps.
Reste que le chiffre de 1,5 milliards de
dollars de dettes interroge néanmoins sur la gestion du petit griffon : certains ont vécu dans leur petite tour, non? Quand on exclue les organismes financiers (NDO/BEI et GMAC), il reste à peu près 55% de dettes. Sur ces 55%, la moitié sont des dettes fiscales et sociales, l'autre des dettes sur fournisseurs et distributeurs voire des... redevances de licences à GM (je me marre bien sur ce coup là).
Quand je lis enfin ce soir
ce bref article de Quentin d'Autoplusnews, je garde le sourire et une certaine confiance dans les médias qui savent - même s'ils n'ont pas toujours le temps de tout comprendre - que la situation de Saab est difficile mais qu'elle est surtout, pour beaucoup, difficile
à vivre :
Beaucoup de dettes
Racheter Saab ? C'est le quotidien de la marque suédoise depuis des années. Baladée entre grand constructeur et petit repreneur, la marque si estimée d'une partie des amateurs d'automobile n'est pourtant pas la meilleure affaire à faire. Certes, il y a des modèles en cours, des modèles à venir, un outil de production en ordre de marche et une image de marque qui subsiste malgré une gamme depuis longtemps constituée de restylage en règle. Mais aujourd'hui, Saab et ses actifs valent moins du tiers des dettes accumulées par Saab Tools, Saab Automobile et Saab Powertrain. Les actifs du groupe sont estimés à 340 millions d'euros contre 1.48 milliard d'euros [non ce sont des dollars, merci l'américaine gougeule-traduction] de dettes.
Cela ne finira jamais
Saab bénéficie d'une communauté de fans solide et toujours prête à soutenir "sa" marque. A plusieurs reprises, Claude Makowski de Saab France assurait : "cela ne peut pas se terminer, ça ne finira jamais".
Il n'y a pas le choix : quand vous aimez fort quelque chose, il faut se battre pour la faire vivre.
Ceux qui ont quitté ou vont quitter le navire ont leur raison et parfois de très bonnes raisons. Dommage par contre qu'ils le fassent honteusement ou en fuyant. Ce n'est pas ça la vie, ça ne marche pas comme ça à coup de ruptures aveugles.
Saab continuera à vivre de toute façon.