Les fuites avaient été bien orchestrées avec un article dans Paris Match, mais on ne retrouve pas les mêmes chiffres dans le "plan national pour le développement des véhicules électriques et hybrides rechargeables" du gouvernement. Ainsi, les 2 millions de voitures électriques annoncées par Jean-Louis Borloo pour 2020 ne sont mentionnées nulle part. On lit à la place que les véhicules "décarbonés" devraient représenter 25 % du marché à l'horizon 2025, qu'ils devraient générer en 2030 une activité économique de 15 milliards d'Euros et maintenir ainsi l'emploi dans la filière automobile, et que l'on économisera 4 millions de tonnes équivalent pétrole en 2020 (avec à la clé 17,5 millions de tonnes de CO2 en moins, soit un gain de 3 % sur les émissions par rapport à 2007). Bref, on mélange les dates et on s'avance moins sur les volumes.
Quoi qu'il en soit, l'Etat est bien décidé à accompagner le développement d'une filière, ce qu'il appelle l'équipe de France (pourvu qu'ils ne prennent pas Domenech...) de la voiture écologique.
La première action consiste à commander des voitures pour l'Administration et les groupes privés. 100 000 véhicules sont concernés d'ici 2015, avec une première tranche de 50 000 déjà identifiés pour un appel d'offres prévu en fin d'année (des voitures électriques d'une autonomie de 150 km, selon le cahier des charges établi par La Poste). Du côté des particuliers, le bonus écologique de 5000 € pour les véhicules qui font moins de 60 g par CO2 par km est maintenu jusqu'en 2012. Il pourra soutenir la demande pour les véhicules électriques qui vont arriver (Peugeot, Mitsubishi, Smart, Renault, Bolloré, Heuliez). Un bonus de 2000 € sera maintenu aussi pour les hybrides (une bonne nouvelle pour PSA) à moins de 135 g et les versions au gaz (GPL, GNV).
Un coup de pouce sera également donné à la recherche. Il y a déjà 11 programmes en cours sur le véhicule électrique en France, mais le plus important est le soutien d'une filière batteries. Ainsi, le gouvernement va appuyer le projet d'usine à Flins, avec Renault, Nissan et le CEA. 100 000 batteries par an pourront être produites à partir de 2012.
Concernant les infrastructures, un groupe de travail a été constitué et a remis ses conclusions. Dès 2012, les constructions d'immeubles (bureaux et habitations) devront comporter obligatoirement une prise de recharge avec le parking. Au travail, les prises seront obligatoires à partir de 2015 dans les parkings et seront considérées comme un avantage social. Dans les co-propriétés, un "droit à la prise" facilitera les transactions. Un aménagement est également prévu sur la voirie publique (qui ne concernera que 10 % des recharges), mais en concertation avec les villes. C'est en fait chez les particuliers que seront rechargées les voitures sur des prises standard, et comme une prise classique suffit pour une charge de 6 à 8h, il n'y aura donc pas d'investissement particulier. Le plan n'apporte d'ailleurs aucune précision concernant les bornes de recharge rapide (qui seront supportées par des acteurs privés). On est loin des 4,4 millions de prises en 2020 annoncées dans Paris Match. En revanche, il est bien prévu de redimensionner le réseau d'EDF pour acheminer le courant jusqu'aux bornes et de créer une filiale de l'électricien pour installer les bornes en question. Tout cela sera a priori financé par le grand emprunt. La France et l'Allemagne utiliseront par ailleurs les mêmes prises.
En conclusion, le plan très ambitieux s'est un peu vidé de sa substance. Pourvu que les français veuillent bien quand même rouler à l'électrique...