Difficile d’ignorer que c’est aujourd’hui la journée de la terre et que le film « Revenge of the electric car » sera projeté en avant-première mondiale à New York. Pour les non initiés, rappelons qu’il s’agit d’un documentaire de Chris Paine, celui qui avait déjà sorti « Qui a tué la voiture électrique ? ». Son nouvel opus met en vedette la Nissan Leaf, la Chevrolet Volt et Tesla. Fort opportunément, Nissan a décidé de capitaliser autour de cet événement et a lancé une campagne de pub, la valeur de zéro, qui égratigne les compagnies pétrolières en mettant en avant le fait que la Leaf consomme zéro goutte de pétrole et rejette zéro gramme de pollution. La marque japonaise a aussi fait le show au salon de New York en présentant la Leaf NISMO RC, une véritable voiture de course électrique (concrétisant ainsi ce que François Bancon, de Nissan avait déclaré sur ce blog, en marge de la présentation du concept Esflow du salon de Genève). Tout cela est fort bien, mais je n’ai pas eu le sentiment que la voiture électrique était tant que cela en vedette aux salons de Shanghaï et de New York.
Le salon chinois a été le premier à ouvrir le feu des nouveautés. Si la Chine nourrit des ambitions sur l’électrique, avec en particulier BYD qui a sorti l’E6 (et qui collabore aussi avec Daimler), je n’ai pas vu passer de nouveauté fracassante dans ce domaine. La marque chinoise présentait une version taxi de sa voiture électrique et un concept 3A. Il y avait aussi chez Chery la Riich M1 Reev, au sein du groupe Geely la EK-2 et chez SAIC une version tout électrique de la Roewe 350. Il y avait pourtant beaucoup de nouveautés à Shanghaï, mais surtout beaucoup de modèles sportifs ou de grosses limousines, énergivores et dont la réduction de consommation n’était pas franchement le souci premier. Comme si l’objectif était avant tout de satisfaire les demandes extravagantes en voitures statutaires. La Chine est le premier marché automobile au monde et l'appétit y est grand pour les produits de luxe. Bien sûr, il y a eu quelques hybrides (dont la Peugeot SXC et la DS5 chez Citroën puisqu’elle héritera de la technologie Hybrid4) et des hybrides rechargeables (AudiA3 e-tron et BMW Série 5 avec Brilliance, ainsi que plusieurs modèles chinois). Mais des électriques, assez peu. On remarquera au passage que Renault fait profil bas et que c’est Nissan qui en retire l’avantage avec encore et toujours la Leaf.
En ce qui concerne New York, l’une des attractions était un modèle hybride, la LF-Gh de Lexus. Cette berline élégante et sportive préfigure par son design la ligne des futurs modèles de la marque. Il y a eu aussi chez Suzuki un concept intéressant d’hybride sur la nouvelle Kizashi (EcoCharge Concept). La réduction de la consommation atteint 25 % sur l’autoroute, sans pour autant porter atteinte aux qualités dynamiques de la voiture. En ce qui concerne l’électrique, je n’ai pas vu passer non plus de nouveautés marquantes sur l’électrique. Pourtant, Big Apple est ouverte aux changements. La preuve, il y aura un CO2 e drive aujourd’hui, avec des voitures électriques qui vont sillonner Manhattan dans le cadre de la journée de la terre.
Mais, peut-on parler pour autant de « revanche » de la voiture électrique ? Il me semble qu’elle a sans doute plus de chances de conquérir des parts de marché qu’il y a 10 ou 15 ans, mais que n’est pas la solution unique, loin de là, et que les conditions ne sont pas non plus réunies aujourd’hui pour qu’elle devienne un produit de masse. Attendons, au-delà du buzz, de voir ce qui va vraiment se passer sur le marché.
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