samedi 22 décembre 2012

La voiture électrique va-t-elle créer des emplois ?

J’en reviens encore aujourd’hui à l’étude de l’Observatoire Cetelem de l’Automobile sur le véhicule électrique, qui est vraiment une mine d’informations. Ce document se penche à un moment sur la filière française. Alors que le nombre de salariés du secteur de la construction automobile est passé de 300 000 personnes au début des années 80 à 149 000 en 2009*, on peut se demander si les efforts consentis par le gouvernement et les industriels vont se concrétiser par de l’emploi en France. Un point crucial, quand on sait que le secteur auto au global représente 260 000 emplois (un dixième des effectifs en Europe).



Selon une étude publiée par le Commissariat général au développement durable, et que rappelle le Cetelem, la création d’une filière véhicules électriques dans l’Hexagone (moteurs + batteries) permettrait de créer entre 15 000 et 30 000 emplois à l’horizon 2025-2030, venant ainsi largement compenser les 4 000 à 8 000 pertes d’emplois industriels engendrées par la baisse des volumes de moteurs thermiques produits en France. Toutefois, Jean Louis Legrand, coordinateur interministériel pour les véhicules décarbonés au ministère de l’Écologie, du Développement durable, du Transport et du Logement, se veut plus mesuré. « On peut dire que la filière électrique devrait contribuer à maintenir des emplois en France, plus qu’à en créer », avoue cet expert. Et pour appuyer son propos, il considère « tout l’écosystème de l’électromobilité : batteries, chaînes de traction, électronique de puissance, après-vente, cycles, production et distribution d’électricité, infrastructures de recharge, installateurs, domotique et réseau intelligent, commerce et distribution, stations-service, métiers du stationnement, opérateurs de mobilité ».


Des emplois, oui, mais différents et plus qualifiés. La création d’une filière véhicules électriques met en oeuvre de nouvelles technologies, tant dans la partie « amont » (de la conception à la production) que dans la partie « aval » de la filière automobile (distribution, entretien…), relève le Cetelem. Ainsi, le volume d’emploi dans l’activité « construction automobile » devrait rester à peu près constant si la filière batteries et moteurs électriques est développée en France. Avec la rupture technologique que représente le véhicule électrique, de nouveaux métiers feront aussi leur apparition dans la filière automobile, en particulier ceux liés à la batterie et à la distribution de l’énergie électrique : opérateurs en électricité automobile, postes de techniciens et d’informaticiens pour la maintenance des infrastructures de recharge par exemple, ou bien encore métiers relatifs à l’électrotechnique/électromécanique, compte tenu de la croissance des équipements électroniques dans les voitures à énergie alternative.


Mais, c’est bien dans les activités de services que se situe l’essentiel des emplois induits par la création de cette nouvelle filière, souligne l’Observatoire. « Bien que le véhicule électrique soit peu générateur d’opérations d’entretien (pas de vidange ni de remplacement de courroie de distribution…) », avance l’étude, il y a du potentiel dans le commerce et la réparation, les stations-service, le contrôle technique, la déconstruction, le recyclage, la location de voiture et les services liés aux nouveaux usages de mobilité comme l’auto-partage. Ces activités représentent un gisement « d’autant plus important qu’il s’agit de services de proximité, donc d’emplois qualifiés difficilement délocalisables ». En conclusion, les services associés au véhicule électrique auront aussi un impact positif en termes d’emplois indirects et seront source de nouveaux métiers liés à la filière automobile.

*En cette année de crise, 54 300 postes qui ont été supprimés dans l’automobile, dont 9 800 chez les constructeurs, 35 000 chez les fournisseurs et 9 000 dans le commerce et la réparation.

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