Comme l'a dit tout à l'heure un lecteur de Saab actu, "Victor Muller et les chinois jouent une sacrée partie de poker".
Et d'abord, que penser de ces longs mois d'attente depuis fin juin où le premier accord entre Youngman, Pang Da et Swan est intervenu, accord devenu contraignant le 21 juillet dernier, pour voir ce résultat? 4 mois de charges pleines sans le moindre revenu de production. 4 mois de communication pour essayer de faire patienter les concessionnaires, les fournisseurs, les salariés, les créanciers, les clients. 4 mois qui se soldent par un échec redoutable de conséquences, à moins que le "plan B" de Victor Muller ne soit déjà actionné, et même en ce cas, on se doute que ce n'est pas le gros lot qui arrive maintenant et que la meilleure offre était ce deal à 245M€ de participation dans SWAN, en tous cas la meilleure pour Swan. Pour Saab?
Mais oui, on peut se poser la question maintenant. Pourquoi cette contre-proposition de rachat des parts de Saab était inacceptable? Si l'administrateur judiciaire Guy Lofalk - qu'on a sans doute un peu trop vite accusé de tous les maux - est allé voir du côté de Geely, puis a répondu aux invitations de Youngman, Pang Da, c'est bien parce que Youngman Pang Da manifestaient leur intention de ne plus respecter l'accord de prêt relais du 13 octobre (70M€) et qu'en plus, dès fin septembre dernier, ils entendaient renégocier fermement le deal de juillet (245M€).
Youngman et Pang Da se sont donc bel et bien rétractés sur tout et ont proposé une offre de reprise totale de Saab Automobile (ce qui mettait fin à l'ère Swan) pour 22M€. La somme peut paraître scandaleuse à première vue : Swan aurait injecté près de 109M€ dans Saab depuis début 2010 et 22M€ ne représente pas grand chose à côté des actifs de Saab. Oui, mais... c'est sans compter que ces 22M€ supposaient aussi que les acheteurs chinois reprennent le passif de Saab : une dette à court terme de plus de 150M€, le prêt de la B.E.I. (220M€ en capital) et les env. 230M€ d'obligations convertibles de General Motors dans Saab!
La facture qu'étaient prêts à payer les chinois était donc de prêt de 700M€ avant tout nouvelle injection d'argent frais!
Et Swan a dit non : tout simplement parce que Swan ne pouvait pas dire autre chose que non sans le consentement de ses actionnaires : Swan se serait alors retrouvé en insuffisance d'actif pour financer la perte de valeur des titres Saab (109M€-22M€) qu'elle aurait dû passer en perte sur l'exercice. Au lieu de ça, c'est Saab tout simplement qui risque de déposer le bilan.
Or, si les chinois avaient racheté Saab, ils n'auraient pas si vite fait une croix sur l'identité suédoise du constructeur, comme j'ai pu le lire ici : même s'il est évident que la technologie est le principal attrait de Saab pour les chinois, le nom commercial et la capacité de R&D des installations à Trollhättan les intéressent tout autant pour les 5 prochaines années. A ce jour, Youngman serait incapable de produire des Saab en Chine avant 2 ans d'installation là-bas. Ensuite beaucoup de contrats dépendent de l'existence même la société Saab Automobile en Suède (licences GM, le nom commercial même de Saab, les jont-venture avec e-AAAM et d'autres sociétés etc.)
Partie de poker donc ? Oui, car si Saab se met en faillite, ces licences seront perdues, dont le nom même de la marque Saab qui est loué par l'industriel militaire SAAB AB (à ne pas confondre avec Saab Automobile AB). Est-ce que les chinois pourront récupérer quelque chose sur le cadavre de Saab? Rien n'est moins sûr. Est-ce que Swan pourra récupérer quelque chose de Saab, une fois les dettes payées, les prêts et les obligations de GM remboursés? Pas sûr non plus.
La question que tout le monde se pose maintenant : quel est le plan B de Victor Muller?... S'il en a un. Et s'il tient plus de 4 mois.
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