avec sa rigueur allemande, sa robe... à l'italienne et les 420 ch de son V8, l'Audi R8 a été la première GT à chasser directement sur les terres des Porsche 911 Carrera. Aujourd'hui, son V10 5.2 de 525 ch vient directement menacer la version Turbo. Voilà Stuttgart désormais prévenu !
Audi s'est pris le temps de la réflexion avant de débarquer dans le sérail des GT. Mais avec l'arrivée début 2007 de la R8, berlinette à moteur central aussi envoûtante à conduire qu'à regarder, la firme aux Anneaux a réalisé une attaque chirurgicale sur un segment un brin nombriliste. Ce pavé dans la mare a déjà trouvé près de 360 preneurs en France depuis sa commercialisation. Un joli score pour une auto si exclusive.
Mais sa version V8 4.2 de 420 ch n'était qu'une mise en bouche. La voilà aujourd'hui qui débarque armée d'un nouveau bloc : un V10 5.2 de 525 ch bien décidé à mettre à mal les Grands de ce monde : Porsche 911 Turbo, Ferrari F430 et Lamborghini Gallardo LP 560-4 en tête.
Parure haute couture
De prime abord, cette version V10 ressemble comme deux gouttes d'eau à sa petite sœur V8. La R8 reste la première Audi à être capable d'attirer autant les regards. Et si elle reprend le dessin impeccable et un rien BCBG que l'on attend d'une production de la firme aux anneaux, elle y ajoute une touche de magnétisme qui en font un objet à part, surtout une fois équipée de ses side blade en carbone optionnelles situées derrière les portes.Cette version haut de gamme ajoute aussi quelques signes extérieurs de vitesse plus discrets, comme des jantes de 19" spécifiques, des entrées d'air latérales plus proéminentes, des baguettes de calandre chromées, des sorties d'échappement désormais ovoïdes, un extracteur et un diffuseur d'air laqués noir brillant ou encore des phares à LED. Mais irrémédiablement, notre regard vient se porter sur la vitre laissant deviner le moteur, et notamment ses collecteurs d'admission et une partie de ses couvre-culasses.
V10 italo-allemand
L'Audi R8 partage ce bloc avec sa cousine Lamborghini Gallardo LP 560-4, dans une version à peine assagie. Revue sauce Ingolstadt, ce V10 5.2 converti à l'injection directe entend offrir un caractère un peu plus civilisé qu'à bord de la volcanique Italienne et voit ainsi sa puissance ramenée de 560 à 525 ch. Pas de quoi toutefois aseptiser son caractère !Le plaisir auditif débute au premier coup de démarreur : avant que le régime ne se stabilise, l'aboiement rauque vous renseigne immédiatement sur son pedigree sportif.
Un petit coup de première avec un tintement bien connu des "Ferraristes" grâce à la grille de sélection en aluminium et la R8 V10 s'élance en souplesse. Hormis une largeur imposante en ville, cette GT se caractérise par une étonnante douceur de conduite : embrayage doux à la course un peu longue, direction légère à basse vitesse et suspension étonnement conciliante. Certaines familiales sont moins confortables...
A bas régimes, le V10 martèle un peu à la manière d'un V8, mais surtout il grogne comme le dernières générations de Flat Six Porsche. Une sonorité atypique sans doute due à l'injection directe. Souple et disponible à bas régimes, ce bloc reprend de manière plus tonique que le V8, mais son coffre —impressionnant dans l'absolu— pourrait presque décevoir de la part d'une telle mécanique. Une franche pression sur l'accélérateur suffit toutefois pour se rassurer sur le potentiel de la bête.
Bête fauve
Le V10 s'éclaircit alors la voix en émettant un cri rauque caractéristique, puis donne un premier coup de collier vers 3.500 tr/min. L'ascension du compte-tours se poursuit avec une poussée vigoureuse jusqu'à 6.000 tr/min. Au dessus de ce régime, il en rajoute une couche : les dix pistons deviennent alors hystériques, se déchaînent dans un concerto bien plus aigu et vous plaquent littéralement contre les sièges cuir Nappa de série. Avec un seul but en tête : aller chercher la coupure d'injection fixée à 8.700 tr/min !A ce niveau, tout s'enchaîne très vite : pas le temps de s'attarder sur une aiguille de tachymètre qui semble prise de spasmes ni sur le paysage qui défile en accéléré, il faut déjà enclencher le rapport supérieur avec le petit claquement caractéristique de la grille en aluminium poli. Une manœuvre qui ne manque pas de charme, mais qui demande une certaine accoutumance en décomposant bien son geste.
Difficile, voire impossible alors de passer les vitesses à la volée, d'autant que le levier de vitesse en aluminium ne facilite pas la tache. Mais finalement peu importe tant le plaisir ressenti au volant est immense.
n châssis toujours exceptionnel
Plus encore que les montées en régime tonitruantes du V10, ce sont en effet ses qualités routières exceptionnelles qui font de la R8 une GT à part. Doté d'une stabilité et d'une tenue de cap impériales et bien aidée par une direction qui se durcit avec la vitesse, elle avale les grandes courbes d'autoroute avec une facilité déconcertante à des allures irréelles. Autant de qualités prévisibles sur un tel bolide.En revanche, le fait qu'elle soit également capable d'avaler une petite départementale bosselée avec l'aisance d'une GTI l'est beaucoup moins ! Agile et précise grâce à un train avant ultra-mordant, l'Audi R8 V10 transforme le moindre tracé sinueux en spéciale de rallye, oubliant au passage ses dimensions imposantes (1.600 kg sur la balance pour 1,90 m de large). Un vrai vélo ! Le tout sans jamais maltraiter vos vertèbres grâce à un amortissement piloté Magnetic Ride absolument exceptionnel.
Capable d'encaisser de gros appuis sans mouvements de caisse parasites (comme toute bonne GT qui se respecte), la R8 V10 oublie également les trous et les bosses sur des routes défoncées en offrant un compromis confort / efficacité absolument bluffant. Attention toutefois de ne pas se laisser griser tant les vitesses atteintes sur route relèvent de la balistique. Terminons cette litanie de louange par un freinage absolument parfait et indestructible, surtout avec l'option disques en céramiques.
Une GT à tout faire
Au final, si cette R8 nous envoûte avec son V10 enchanteur, c'est avant tout son homogénéité qui impressionne. Sous une facilité de conduite apparente, elle cache en son sein une efficacité irréelle et même le grand frisson sportif tant attendu sur ce type de véhicule ultime.Alors bien évidemment, à 146.800 € l'unité (soit 36.600 € de plus que la version V8), elle ne courra sûrement pas les rues. Mais pour ce prix, elle a au moins le mérite d'ajouter pour 18.360 € d'équipements supplémentaires, comprenant la sellerie cuir Nappa, les phares à LED, la suspension Audi Magnetic Ride, les rétroviseurs extérieurs escamotables, le GPS Plus, le changeur 6 CD, les sièges électriques, la sono Bang&Olufsen©, le Pack éclairage et l'Audi Hold Assist.
Les jusqu'au boutistes opteront quant à eux pour le mode "full options" avec la boîte robotisée R Tronic (7.450 €), les freins céramique (9.850 €), ou encore quelques détails esthétiques parfaitement irrésistibles comme les side blade en carbone (2.260 €), le ciel de pavillon en Alcantara© (1.600 €) ou le compartiment moteur avec applications en carbone (3.500 €). Le nec plus ultra pour profiter de l'une des GT les plus abouties du marché.
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