Un bonus plus élevé pour les véhicules électriques (7000 € au lieu de 5000) et hybrides (4000 au lieu de 2000 €), rehaussé pour les modèles à faible CO2 et l'annonce de l'achat de véhicules électriques par l'Etat (une disposition déjà prévue sous Sarkozy) : voici donc les mesures censées sauver l'industrie automobile française. Extraordinaire. Comme d'habitude, les pouvoirs publics imaginent que les constructeurs nationaux sont les champions du monde dans leur catégorie. Le message est donc le suivant : les français sont en avance et il faut massivement investir dans la voiture propre. Non seulement l'avance technologique est très discutable, mais surtout, rien n'est prévu pour une véritable filière française dans ce domaine.
Renault est le seul constructeur à avoir une gamme de véhicules électriques. Elle comprendra 4 modèles quand la Zoé sortira. Et ce ne sera pas à l'automne, mais fin 2012 (retard justifié semble-t-il par des problèmes dans le développement de la tablette intégrée). La belle affaire. Sur un marché inexistant (0,2 % des immats), et qui fera peut être des volumes plus significatifs vers 2020, l'effet de gamme ne va pas servir à grand chose. Si le montant du bonus se rapproche des 7500 $ en vigueur aux Etats-Unis, on peut rappeler que l'Alsace a doublé le bonus (10 000 euros de rabais) et que cela n'a pas provoqué de raz de marée pour autant. La mesure devrait abaisser à 12 000 euros le prix de la Smart ED attendue cet automne.
Quant à l'achat de véhicules électriques par l'Etat (25% des nouveaux véhicules seront électriques ou hybrides, et tout nouveau véhicule à usage urbain sera électrique), c'est typiquement le genre de décision qui ne sert à rien (pour aider l'industrie automobile). Là où d'autres pays préfèrent soutenir la recherche (batteries, matériaux allégés) pour que les constructeurs soient compétitifs et pointus techniquement, afin de vendre leurs produits sur leurs seuls mérites, la France s'entête à financer des produits dont la technologie n'est pas française.
J'avais cru comprendre pourtant, et c'est marqué dans le plan, que les aides sont conditionnées au maintien de la localisation de production en France pour les véhicules et les composants.
Au lieu d'aider les français à écouler des autos dont les clients ne veulent pas, il vaut mieux investir dans les bornes de recharge. "L’implantation de bornes de recharge des véhicules électriques et hybrides rechargeables, essentielle à leur déploiement, sera accélérée", annonce le plan. Mais, il n'y a pas de moyens pour cela. Les 50 millions annoncés avaient déjà été programmés auparavant ! On est rassuré de savoir qu'un ingénieur général des Mines va étudier leur implantation, alors que 12 grandes villes se sont déjà portées candidates il y a déjà deux ans.
En ce qui concerne l'hybride, le bonus est porté à 4000 euros. Mais, il est limité à 10 % du prix de vente. C'est une astuce pour favoriser les modèles Hybrid4 (3008, 508, RXH et DS5), associant diesel et électricité, et dont le prix frôle les 40 000 euros. Cela n'empêchera pas Toyota, qui est le leader mondial, de faire un carton avec la Yaris SHD, produite à Valenciennes. Même avec un bonus limité à 2000 euros, elle fera plus de volumes que les PSA hybrides.
La voiture propre et populaire n'est pas pour demain.
Le seul aspect positif à mes yeux concerne la filière, qui n'est pas oubliée. Le plan Montebourg prévoit de réorienter des investissements déjà prévus vers la recherche et le développement (R&D). Au total, 350 millions d'euros de crédits "d'investissements d'avenir" seront "réorientés" pour aider les constructeurs à innover, avec l'aide des pôles de compétitivité. Le gouvernement annonce également des aides pour les sous-traitants et les distributeurs, dans le cadre de son plan d'aide à la filière. Enfin, la France veut promouvoir l’industrie de la déconstruction et du recyclage, afin de créer de l'emploi.
Bilan : il suffit de relire les plans initiaux de 2009 et de 2010 pour voir qu'il n'y a pas grand chose de nouveau.
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