L’actualité de ces derniers jours m’amène à livrer ici un certain nombre de réflexions. Commençons par l’appel lancé par Carlos Tavares, le numéro 2 de Renault, pour rétablir une prime à la casse. Suite à cette annonce, le quotidien Les Echos titrait hier que l’Etat envisageait de venir en aide au secteur de l’automobile. Il ne s’agira probablement pas d’une « Hollandette », ce type de mesure ayant coûté un milliard d’euros aux finances publiques la dernière fois, mais d’un coup de pouce plus global qui pourrait intégrer la filière. Il est assez savoureux de voir Renault en appeler à l’aide de l’Etat, alors que ce constructeur produit moins de 20 % de ses voitures en France. Mais, si les constructeurs tricolores sont à la peine, en France comme en Europe, d’autres s’en sortent bien mieux, en particulier les allemands qui eux cartonnent. Et si la solution était avant tout de proposer une gamme cohérente et de ne pas se focaliser que sur les petites voitures ?
Malheureusement, les leçons de la crise n’ont rien donné. Aidés une première fois en 2008, les constructeurs français n’ont rien fait pour structurer leur outil industriel et revoir leur modèle économique en conséquence. Business as usual. Dans ces conditions, pourquoi instituer à nouveau une prime qui ne va pas soutenir la production en France, mais une nouvelle fois faire tourner des usines en Slovénie, en République Tchèque et en Roumanie ?
Cela nous amène au CO2. La France s’est gargarisée d’avoir instauré le bonus malus, suite au Grenelle de l’Environnement. Que n’a-t-on pas entendu à l’époque… Le bilan n’est pourtant pas si flatteur, même si la France a atteint dès 2011 l’objectif de 130 g de CO2 par km fixé pour 2015. Le dispositif a coûté 1,25 milliard d'euros de déficit cumulé entre 2008 et 2010. Mais surtout, cette mesure n’a pas du tout pris en compte l’aspect pollution. Et dire qu’on appelle ça le bonus écologique ! Le problème est que cela a contribué à mettre sur le marché encore plus de véhicules diesel, pas forcément avec un filtre à particules. Après, on s’étonne d’avoir des problèmes de qualité de l’air.
J’en viens à présent au diesel. Ainsi donc, l'information de la semaine est que ce type de motorisation est officiellement reconnu cancérogène, non pas par l'OMS comme cela a été dit mais par le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) qui fait partie de l'OMS. Les scientifiques ont établi avec certitude que les particules entraînaient un risque de cancer du poumon. Cela concerne d'ailleurs aussi bien les voitures que les trains, les bateaux et les groupes électrogènes.
Mais, mon propos n'est pas de remettre en cause ces conclusions. Il est simplement de mettre les choses en perspective. La France et au sens large l'Europe paient une fiscalité qui a été par trop longtemps favorable à ce type de moteur et qui a conduit à une surreprésentation du diesel sur le marché. Les journalistes et les politiques n'ont sans doute pas joué leur rôle, lors des premiers soupçons sur les risques de cancer. D'un autre côté, il est tout aussi vrai que les technologies ont fait beaucoup de progrès et que le problème vient surtout d'un vieillissement du parc.
Faut-il pour autant instaurer une prime à la casse pour remplacer les vieux diesel par des plus récents et dotés d'un filtre à particules ? Ce serait une idée, mais je ne vois aucun constructeur s'y risquer.
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