lundi 28 mai 2012

GPS avertisseurs de radars : la fin programmée d'une exception française ?

Hier avait lieu une réunion entre l’AFFTAC* (association qui représente les fabricants d’avertisseurs de radar) et Claude Guéant, le ministre de l’Intérieur. Cette réunion Place Beauvau était très attendue, car elle intervenait à l'issue d'annonces contradictoires, à propos de la suppression des panneaux signalant les radars. En apparence, rien ne change ou presque car il a été décidé de modifier ces appareils afin qu'ils deviennent des avertisseurs de "zones dangereuses". Ils ne seront donc pas interdits. Mais, il ne faut pas se tromper. Le gouvernement veut rester ferme et ne souhaite pas remettre en cause l'interdiction de signaler les radars. Une interdiction qui prendra effet a priori au 31 décembre. Les dispositifs GPS proposés par Coyote, Inforad, Wikango et consorts vont donc perdre de leur intérêt, qui consistait jusqu'à présent à signaler avec précision les radars fixes ou mobiles.



La mobilisation des acteurs concernés a réussi à créer le buzz, avec plus d'un million de signatures et près de 200 000 fans sur Facebook. C'est bien plus que les membres de toutes les associations de victimes réunies. Le seul point positif est que les "experts", qui sont censés conseiller nos dirigeants, ont découvert à cette occasion - prière de ne pas rire - que les GPS avertisseurs de radars servaient aussi à indiquer la vitesse autorisée en fonction de l'axe emprunté, et à signaler les bouchons et les accidents (avec pour certains appareils un appel d'urgence). C'est à ce genre de détail qu'on mesure à quel point les technocrates sont compétents.


En ce qui me concerne, je n'ai jamais été très fan de ces systèmes qui "bipent" tout le temps. Mais, si l'on met de côté le signalement des radars, ces appareils ont effectivement le mérite d'afficher la vitesse adéquate (en l'absence de panneaux). Ils ont influencé du coup les GPS (nomades ou embarqués) qui rendent désormais ce service. Coyote a vraiment révolutionné le marché avec un appareil communicant, autorisant une mise à jour en temps réel (ce qui d'une certaine façon anticipait sur les GPS connectés), et favorisant par la suite des applications pour smartphones. Alors, que va-t-il se passer ?


Claude Guéant et l'AFFTAC ont convenu d'engager "un travail en commun en vue de développer un ensemble de fonctionnalités contribuant à améliorer la sécurité routière. Les services de l'Etat apporteront ainsi leur appui à la diffusion de l'information, qu'il s'agisse des vitesses autorisées, de l'état du trafic ou de la lutte contre la somnolence". Traduction : les fabricants auront accès à la carte de France des points noirs (qu'il sera intéressant d'analyser), tels qu'ils sont répertoriés par les services de l'équipement. Mais, les appareils se contenteront d'afficher "les secteurs routiers accidentogènes", sur leur longueur. Ils inviteront aussi les automobilistes à "adapter leur vitesse en fonction des limitations et des circonstances". Le fin mot de l'histoire est que c'est l’Etat qui donnera les informations aux diffuseurs.
C'est donc en effet la fin programmée des GPS avertisseurs de radars, tels qu'ils ont été conçus à l'origine. Et sans doute une belle occasion manquée de favoriser le dialogue entre les usagers de la route et les pouvoirs publics, dans le but de signaler les "vrais" points noirs et de contribuer au trafic temps réel.

*Association Française des Fabricants et utilisateurs de Technologies d’Aide à la Conduite

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