En début de semaine, Better Place a fait savoir qu'il avait levé 350 millions de dollars dans un tour de table mené par HSBC. Il s'agit d'une certaine performance, car c'est la plus grosse somme réunie pour une "clean tech" et que cela valorise la start up israélienne à 1,2 milliard de dollars. Pour ceux qui ne le savent pas encore, Better Place a pour ambition d'aider au développement des voitures électriques dans le monde avec des bornes de recharge (maison, bureaux, voirie publique) et en particulier des stations d'échange de batteries "Quick Drop". La société veut se positionner aussi dans les services, avec une gestion intelligente de la recharge (grâce au GPS et à du logiciel embarqué dans le véhicule) et de la communication vers le réseau électrique pour adapter la production à la demande. Alors, que penser de ce deal financier ? Faudra-t-il compter dans le futur avec Better Place ?
En ce qui me concerne, je suis plutôt réservé. L'idée de départ est louable et Shaï Agassi, le fondateur de Better Place, a eu une vision. J'ai déjà raconté la genèse de la société dans un précédent article (8 décembre dernier, et aussi le 18 mai). Je n'y reviens pas. Mais, à ce jour, il n'y a que deux pays où des accords en bonne et due forme ont été scellés : Israël (pays dont est originaire M. Agassi, et qui a intérêt à assurer son indépendance énergétique) et le Danemark. Dans ces deux pays, il y a des engagements qui portent au total sur 100 000 véhicules d'ici 2016. Pour sa part, Better Place doit déployer 500 000 prises, rien qu'en Israël. La lecture du site nous apprend qu'il y a aussi des projets en Australie, au Japon, au Canada et aux USA. Sur le plan de la communication, Better Place est un champion. Comme Renault, qui en fait des tonnes sur le sujet, il y a plein de vidéos sur You Tube et des relais sur Facebook. Et, comme la marque au losange, l'opérateur a réussi à faire financer par de l'argent public (celui des Etats) ses investissements.
Mais, voici pourquoi j'ai quelques doutes. D'abord, seul Renault est partenaire de Better Place (Nissan n'y croit pas, mais ne le dit pas officiellement) pour le moment. Ensuite, pour que les stations d'échange marchent, il faut que les constructeurs aient prévu en amont que les batteries puissent être enlevées et remontées par ce système robotisé. Or, comme il n'y a pas de standard vraiment établi pour le moment et que chacun travaille dans son coin avec des fournisseurs différents, bon courage... Sans compter que les stations "Quick Drop" coûtent 500 000 € pièce, qu'il faut stocker les batteries dans des conditions particulières et que la logistique va être compliquée. Quant au profil de l'investisseur, la banque HSBC, il est annoncé comme "très conservateur". C'est sans doute pour souligner le sérieux de la levée de fonds. Mais, HSBC s'est déjà trompé dans le passé (en particulier avec les subprimes, dont il a été l'une des premières victimes). Donc, tout cela est à considérer avec beaucoup de prudence, d'autant que personne ne sait si les clients vont vraiment vouloir d'une voiture électrique...
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