dimanche 4 novembre 2012

Le billet financier : GM à la manoeuvre

Les posts sur le sujet ne sont pas encore prêts de disparaître...

Aux dernières nouvelles, le processus de Réorganisation a donc été validé par les créanciers, ce qui permettait de laisser un court répis financier à Saab/Swan jusqu'au 15 novembre, date de fin de validité théorique des accords de cession de Saab Automobile (dont le capital social appartient à Swedish Automobile) aux chinois Pang Da et Youngman.

En préambule du communiqué de presse présentant l'esquisse de business plan, je vous disais que c'était encore trop tôt pour déboucher le champagne, même si la tentation était là, face à ce plan... Je ne croyais pas si bien dire, mais j'avoue que c'était plus par précaution - il faut dire que la communication de SWAN nous a appris à nous méfier, au fur et à mesure des échecs, annulation, renégociation successives - des communiqués trop beaux pour être vrais. Or la précaution s'avère à mesure que le temps passe nécessaire.

Dans ce post du 30 octobre, j'avais listé avec vous les principales parties concernées par le deal : SWAN et ses actionnaires, le gouvernement chinois et le NDRC, le gouvernement suédois et le NDO (Office de la dette), la BEI, bref, beaucoup trop de monde, peu d'investisseurs dans le vrai sens du terme... Mais je n'avais pas oublié le chef d'orchestre : General Motors.

Alors même qu'on vous a "vendu la vente" à Spyker de janvier dernier comme le début de l'indépendance, moi je me suis borné à constater depuis très longtemps que Saab restait l'obligé de GM dans cette vente : un peu plus de 320M$ d'actions préférentielles (ce ne sont pas des parts du capital social en fait. Disons que c'est plus proche du régime des obligations dans le fonctionnement, mais avec le risque de l'actionnaire) au passif de Saab et les licences GM sont partout dans tous les modèles actuels. Peu importe la part d'ingénierie issue des laboratoires de Trollhättan au temps de l'ère fusionnelle Saab-GM, aujourd'hui les Saab qui sortent contiennent de très nombreuses licences appartenant encore au groupe GM. Quelle est leur éténdue réelle? Quelles ont été les licences cédées à Saab au moment du rachat par Spyker : nous n'en avons aucune idée, sinon que demain sans licence GM, sans les fournitures de certaines pièces GM, il sera impossible de sortir une Saab de la gamme actuelle de l'usine GM. Bref, le chef d'orchestre, depuis le début reste GM.

N'oubliez pas que GM était prêt à liquider Saab plutôt que de vendre la technologie à BAIC. Geely était, paraît-il à l'époque (2008) intéressé par la reprise de Saab. GM aurait préféré liquider la société, probablement parce qu'il serait retourné dans ses frais à ce moment-là.

Aujourd'hui Reuters a rapporté ceci :

General Motors Co a déclaré qu'il serait trop difficile de soutenir la vente de Saab si la transaction vient à fragiliser ses liens avec la Chine ou ses positions dominantes sur d'autres marchés.

GM conserve des actions préférentielles dans Saab et il est le fournisseur principal de composants. A ces titres, il doit approuver les nouveaux propriétaires Pang Da et Youngman.

"GM ne serait pas en mesure de soutenir un changement de propriété au capital de Saab, lequel pourrait influer négativement sur les relations existantes de GM avec la Chine, voire affecter les intérêts de GM du monde entier" a déclaré le porte-parole de GM, Jim Cain.

Excusez-moi, j'ai oublié de vous prévenir de sortir vos mouchoirs pour pleurer avec GM... :) Plus sérieusement, j'ai écrit je ne sais combien de fois que ces actions préférentielles (qui sont correspondent aux trois quarts du prix de vente de Saab, remboursables à partir de 2012) étaient la gachette de GM sur la tampe de Saab. Saab a été, selon moi, racheté trop cher par Spyker : le business plan GM-SPYKER de janvier 2010 a plus que montré sa faible pertinence, le prix de vente de Saab (400M€) était trop élevé.

Mais bon, c'est à ce prix que GM a bien voulu ne pas liquider Saab : vendre cher et se réserver le droit de vie ou de mort. Autrement dit, retour à la case départ.

Alors ce "cri du coeur" du porte-parole de GM, faut-il craindre un capotage du deal Swan-YLPD ou "espérer" que ce ne soit qu'un moyen de légitimer des négociations dures avec les chinois avec des conditions d'approbation sévères? Je vous laisse vous forger votre opinion...

Pour terminer ce billet financier sur une note moins stressante, cette vidéo de Chuurrito plutôt de circonstances.


à 3'45, il y a un message...

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