lundi 22 octobre 2012

Guy Lofalk veut-il faire couler Saab? [MàJ]

Ce n'est pas une question provocatrice ici. L'administrateur judiciaire désigné par Saab/Swan dans le cadre de la procédure de Réorganisation sous Protection de la Justice obtenue en septembre par Saab Automobile et deux de ses filiales, Guy LOFALK, a demandé l'arrêt de la procédure qu'il estime ne pas répondre aux conditions posées par la loi.
Guy LOFALK, en tant qu'administrateur provisoire de Saab a, de par le droit suédois, deux missions :
- il doit protéger les intérêts des créanciers, que ce soit les fournisseurs ou les salariés (assimilés à des créanciers ordinaires en droit des affaires suédois)
- il doit veiller aux intérêts de l'entreprise, s'assurant des possibilités de poursuite de l'exploitation.

La semaine dernière, "coaché" par le Ministre des Finances suédois, Guy LOFALK avait pris l'initiative de rencontrer des représentants de GEELY pour leur proposer un rachat total du groupe Saab Automobile. Nous savons comment ça s'est soldé : le NDRC ne l'aurait pas accepté à cause du deal  Swan-Pang Da-Youngman toujours en cours d'approbation - en tous cas selon V. Muller - et GEELY de son côté a fait les saintes nitouches.
Il est ensuite retourné en Chine voir Youngman et Pang Da pour discuter d'un projet identique, pour racheter 100% des parts du groupe Saab Automobile.

Ces événèvements ont été confirmés par Victor Muller (cf. interview de vendredi), mais il prétend que cela s'est fait à on insu. Or, selon Guy LOFALK lui-même - ceci est écrit dans le journal suédois trollhattanois TTELA.SE- , le meeting avec Youngman et Pang Da se serait déroulé en transparence notamment avec Victor Muller qui l'aurait même encouragé à répondre à "l'invitation des chinois Youngman et Pang Da".

Que Youngman et Pang Da faisaient un peu machine arrière et voulaient renégocier le deal de juillet dernier (245M€ de SWAN) était un fait qui était connu et de Victor Muller et de Guy Lofalk dès fin septembre. Pourquoi Guy Lofalk est allé voir Geelyla semaine dernière ? A mon avis, la réponse coule de source : il fallait faire pression sur Youngman et Pang Da.

Hier, Swan nous a en effet confirmé bel et bien que Youngman et Pang Da s'étaient porté acquéreur direct du groupe Saab Automobile, mais que cette offre a été refusée par Swan, holding de groupe.

Guy LOFALK, veut donc finalement terminer la procédure, faute d'entente possible sur des financements de long terme. [Màj : 20h00] Il nuance sa position ce jour dans une interview de la chaîne suédoise SVT :

"il est possible que Youngman , Pang Da et Swan trouvent un accord et que la procédure de Réorganisation reprenne" vient-il de déclarer.
Je ne saurais dire s'il a été hors la loi dans l'exercice de sa mission mais je pense qu'il serait aussi faux de lui imputer les échecs de négociation avec les chinois que de dire que tout est de la faute de Victor Muller.

Pourquoi Swan refuse l'offre de rachat direct des chinois?
Le problème est simple : Swan, holding du groupe Saab Automobile ne veut pas se retrouver des actionnaires majoritaires qui seraient directement à la tête de Saab Automobile (Youngman/Pang Da). Les accords contraignants de juillet dernier entre les parties prévoyaient une montée au capital de Swan et non de Saab Automobile.
Cotée en bourse, endettée pour l'opération d'acquisition de Saab, Swan (alias Swedish Automobile, ex-Spyker) ne peut pas, sans mettre en péril son propre montage financier, risquer de se retrouver en minorité sur le groupe Saab Automobile. En effet, partager directement le capital de Saab avec Youngman et Pang Da  reviendrait pour Swan à vendre une partie de Saab sans que Youngman et Pang Da ne partage le risque fiancier du rachat initial. Si Saab Automobile changeait de majorité, Swan devrait exiger un prix équivalent au remboursement total des financements d'acquisition initiaux de Saab. Victor Muller ne peut pas en tant que PDG de Swan perdre le contrôle de Saab Automobile sans une contrepartie de nature à indemniser tous les actionnaires de Swan pour la perte de valeur.

Je vois aujourd'hui plus clair sur les forces en présence.
D'un côté Swan/Victor Muller ne peut financièrement se permettre d'envoyer Saab Automobile au tapis - comme veut le faire désormais Guy Lofalk, persuadé qu'il n'y a pas d'issue financière à long terme cf. MàJ. Swan ne peut pas non plus perdre le controle de Saab Automobile sans la contrepartie de ses investissements financiers dans Swan.
De l'autre côté, les chinois estiment que la valorisation de Saab a énormément changé depuis juillet et se rabattent sur le capital du groupe Saab Automobile indépendamment de Swan.

La question que beaucoup se pose encore : faut-il débarquer Swan de Saab Automobile? A cette question, certains répondront sans hésiter oui, mais pour qui, pour quoi? Je n'ai jusque maintenant lu aucune lettre d'intention d'un constructeur qui serait intéressé par le développement de Saab Automobile dans une configuration chinoise ou autre sans doute (nécessaire pour trouver d'autres marchés à Saab), mais aussi occidentale. Youngman et Pang Da font les morts en ce moment.

La décision de la Cour sur l'arrêt ou pas de la procédure de Réorganisation aura lieu la semaine prochaine. Probablement le 28 octobre. C'est "chaud", très chaud...

Ma seule conviction est que naturellement Victor Muller fera tout, tout, pour éviter qu'il perde Saab - c'est son intérêt le plus immédiat - mais comment?...

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