mercredi 14 novembre 2012

Mais que veut General Motors?

Demain est la date de terminaison du protocole d'accord avec Youngman et Pang Da. Au-delà de cette date théorique, aucune partie n'est obligée de continuer avec l'autre si un accord définitif n'a pu être trouvé. L'accord ne peut pas être trouvé, nous savons pourquoi : General Motors le refuse tout simplement en invoquant sa clause d'ownership. En cas de cession totale de Saab, GM résilierait ses contrats de fournitures et de partages de licences technologiques. Mais cette date du 15 novembre est moins problématique de celle du 22 novembre, date à laquelle si aucun accord n'était trouvé, la procédure de Réorganisation pourrait se terminer.

Vous remarquerez avec moi que depuis l'échec du deal YLPD-SWAN, l'administrateur judiciaire s'est fait très discret. Le gouvernement suédois a essuyé une larme dans le mouchoir de Jim Caïn (GM). Pathétique.

Nous apprenons - ce dont on pouvait se douter, vu la fermeté du propos de GM, que même le deal de juillet dernier ne serait pas négociable : une propriété légèrement inférieure à 50% par Pang Da et Youngman ne conviendrait pas d'avantage à GM.

Que veut General Motors?!

Comme le soulignait un lecteur, les brevets en général sont couteux, mais ne durent pas longtemps 20 ans maximum si on a payé des redevances. Saab a les brevets aujourd'hui, loués, facturés par GM. Que craint GM si les chinois rachetaient tout ou partie de Saab? De la fuite technologique? Cela paraît étrange, car il suffirait à GM de stipuler une clause empêchant les chinois d'utiliser les licences pour la production chinoise. Par ailleurs, Saab a déjà usage de cette technologie et beaucoup plus long à intégrer est le savoir-faire. Pour l'heure il resterait en Suède pour au-moins quelques années, non?

GM évoque le fait qu'il craint une potentielle concurrence de marchés en Chine. Il faut le lire pour le croire! GM aura vendu plus de 2 millions de voitures en Chine en 2011. Premier groupe automobile mondial en termes de nombres de véhicule produits, GM pourtant n'est pas le champion de la rentabilité. Le groupe Volkswagen, lui qui prendra sans doute en 2012 la 1ère place de GM, est par contre depuis bien longtemps devant General Motors s'agissant de ses marges d'exploitation. Quel serait le secret du groupe VW? Avoir des marques dédiées non pas à des territoires, mais à des segments de clientèle bien définis, qui évoluent en fonction de l'âge et la situation économique et sociale des clients. Partager les mêmes plateformes techniques et "habiller" les plate-formes et les technologies en fonction de la stratégie marketing propre à chaque marque. Avec VW, on est loin de la stratégie primitive de la territorialité.  On a un vrai partage de technologie, un marketing de haute qualité qui segmente les produits et organise le partage de technologie d'un point de vue quantitatif, qualitatif et temporel (Audi bénéficie en premier des nouveautés). De ce point de vue, chez VW, on ne veut pas faire passer une Audi pour une Skoda améliorée. C'est même tout le l'inverse! Si seulement GM en avait pris de la graine avec Saab dans les années 2000!

Je reviens sur les motifs de refus de GM et je reste sans réponse intelligible, à moins qu'il ne s'agisse encore de négocier plus cher, plus difficilement pour l'avenir de Saab, un deal de plus en plus improbable avec les chinois? ...

General Motors, avec ce refus définitif, n'a pas trouvé "la meilleure manière de se faire des amis", ainsi que commente brillament un journaliste - un vrai, bien informé et engagé - Keith KRAIN, dans Automotive News. Cet article, à juste titre, a fait le tour de blogs hier, comme d'ailleurs l'idée d'aller sur le FB de GM pour écrire "let Saab go"...  En voici l'intégralité en français :


Alors que tout paraissait comme si Saab avait trouvé des industriels chinois souhaitant sauver la société de la faillite et de la disparition, General Motors a posé des objections qui menacent l'accord. GM opposerait la poursuite des accords de fournitures de composants et de technologie à Saab si Youngman Lotus et Pang Da réussissaient à acquérir le constructeur suédois.

L'accord doit être approuvé par GM puisque le géant américain conserve ses actions préférentielles dans Saab et fournit des composants essentiels pour sa production.
Il s'agit en fait d'un problème de concurrence. GM a un partenaire en Chine qui a besoin de beaucoup plus de technologies pour la vente des Buicks et des Chevrolet là-bas.

Il y a quelque chose qui m'échappe.
En refusant d'approuver l'accord YLPD-SWAN, GM  se montre bien plus de favorable à la fermeture de Saab, qui va coûter des milliers d'emplois en Suède, alors qu'il va laisser son propre partenaire chinois (SAIC) avoir plus de technologie.

Cette façon d'agir n'est pas de nature à se faire des amis et influencera les gens, spécialement en Suède. Si GM était responsable de la mort de Saab et des milliers d'emplois sur le marché national de Saab, GM peut oublier ses ventes en Europe du Nord pour un bon bout de temps.

Je comprends que c'est peut-être une affaire "coupante", mais GM devrait observer comment Ford a géré la situation quand il a vendu la société suédoise Volvo. Cela a paru une transaction très honnête et Ford a agi avec courtoisie du début à la fin. Cela pourrait être étudié par GM.

Je ne demande pas de traitement de faveur, mais si Saab devait mourir, cela devrait se faire sur le terrain des marchés, par dans l'antichambre des Administrateurs sans même une écoute honnête des attentes de son partenaire.
Il y a des ventes et des rachats tout de temps dans le monde de l'automobile. Mais je n'ai jamais entendu qu'une autorisation refusée par une société puisse en tuer une autre ou la production de celle-ci.
Les affaires sont difficiles et se révèlent cruelles parfois, mais aucune société ne souhaite avoir la réputation d'être un tueur de contrats et de mettre les gens au chômage.
Victor Muller a essayé tout ce qui était en son pouvoir.

Il n'a pas été capable de réussir seul, mais si Saab arrive à avoir un nouvelle vie, espérons que les nouveaux propriétaires seront capables de sauver tous ces emplois en Suède.

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