mardi 3 avril 2012

L'infrastructure de charge reste le point faible du véhicule électrique

Mais où sont les prises ? Les constructeurs ont beau faire du buzz autour du véhicule électrique, les automobilistes se rendent bien compte que les bornes de recharge ne sont pas au rendez-vous. Et ça commence à être un sacré problème, même si bon nombre d'experts relativisent en expliquant que les clients se branchent à domicile (pour ceux qui ont la chance d'avoir un pavillon ou facilement accès à une prise). La question de l'infrastructure de charge en France a été abordée lors du congrès eCarTec Paris, qui se déroule en ce moment à la porte de Versailles.



Pour le moment, on voit surtout se dérouler des réseaux privés. La Poste développe le sien avec ERDF et les parcs d'auto partage (Auto Bleue à Nice, Autolib' à Paris) contribuent aussi au développement des points de charge. Ces bornes sont également ouvertes aux utilisateurs de véhicules électriques privés, moyennant finances. Alors, quid des 4 millions de prises que Jean-Louis Borloo promettait pour 2020 et de l'objectif de 2 millions de véhicules décarbonés ? Force est de constater que si un livre vert a bien été rédigé par le sénateur Louis Nègre, et qu'une douzaine de villes se sont portées candidates pour installer une infrastructure, le chantier avance plus que lentement. La période électorale n'arrange rien, pas plus que la crise. Selon ERDF, il y aurait en France 8000 points de charge de type 3 (compatibles avec les nouveaux véhicules) et 3 à 4000 points de charge datant des années 90.


Un acteur comme Schneider Electric vend un peu plus d'une centaine de bornes par mois en France. Les clients sont avant tout des entreprises (51 %) et les exploitants de parkings (34 %), suivis ensuite par les concessionnaires* (10 %). La part du particulier est quasi inexistante. En revanche, des artisans commencent à s'équiper. Le même Schneider Electric pense que la tendance va s'inverser en 2015 avec une part de 25 %  chez les particuliers, 20 % pour les parkings publics, 16 % dans les centres commerciaux, autant sur les parkings d'entreprises et 7 % dans les stations.


Et pendant ce temps, d'autres pays accélèrent. Prenons le cas de l'Allemagne avec RWE, l'un des fournisseurs d'énergie. Cet opérateur a financé sur fonds propres 1200 points de charge dans 230 villes. Il a équipé par ailleurs 40 concessions de Renault, outre-Rhin. RWE propose plusieurs solutions innovantes (reconnaissance par RFID, paiement par SMS) et a même élaboré une autoroute électrique le long de l'axe Cologne-Hambourg (800 km). Des bornes de recharge rapide (le plein en 30 mn) ont été réparties sur cet itinéraire, avec des étapes entre 66 et 114 km. De plus, le courant vert (produit avec des énergies renouvelables) est gratuit jusqu'à fin 2012. De l'avis des spécialistes, le nord de l'Europe avance aussi beaucoup plus vite.


Certains constructeurs sont tentés de fabriquer et de fournir des bornes. C'est le cas de Nissan qui a décidé d'offrir 400 bornes de recharge rapide en Europe. Une opération qui a eu un certain succès, au point d'inciter la marque à prévoir une deuxième vague.
La France est en retard, alors que paradoxalement elle a des fabricants de bornes à la pointe de la technologie.

*Schneider a équipé le réseau Renault de 1700 bornes dans un peu plus de 300 concessions.

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