dimanche 1 janvier 2012

Renault 11 Turbo - 1987



Au début des années 80, la Renault 14 n'avait pas rencontré son public... qu'importe ! La régie n'aime pas rester sur un échec et voit double pour sa remplaçante, disponible avec ou sans hayon, et surtout avec une motorisation plus musclée. Objectif : la Golf GTi. A partir de 1983, le duo Renault 9, Renault 11 Turbo s'adresse aux jeunes pères de famille sportifs... Depuis l'échec de la Renault 14, les décideurs de Billancourt sont quelque peu hésitants, essentiellement sur la direction stylistique que doit prendre le projet L42 qui aboutira à la gamme Renault 11 et Renault 9. On ne sait si la Renault 14 doit plus son échec à un design innovant à l'époque ou surtout selon nous à une communication ratée. Robert Opron, transfuge de chez Citroën en 1977 a toutefois les coudées un peu plus franches par une organisation interne remaniée. Ainsi, il peut mettre en concurrence ses propres designers avec des designers indépendants. Il ne faut pas perdre de vue que dans les recherches de style, un des axes stratégiques majeurs était de prendre le leadership des ventes en Europe occidentale et de disputer cette place à la Volkswagen Golf.

Une base, deux carrosseries
Finalement, après un intense travail, le résultat sera très convenu avec pour originalité deux carrosseries différentes : un coach/berline compacte baptisée Renault 11 (3 et 5 portes) et une berline compacte très classique avec 4 portes, la Renault 9. La Renault 11, si elle partage de nombreux emboutis avec la Renault 9 et la même plate-forme, possède quelques signes distinctifs : un hayon de type "bulle" alors très en vogue chez Renault (R25 et Fuego), une face avant avec quatre phares ronds et une poupe différenciée. Autant la R9 est tristement classique, autant la R11 possède une personnalité plus marquée, ce qui se fera sentir dans le Mix des ventes, la R11 s'étant appropriée la plus grosse part du gâteau.
Après un lancement de la gamme Renault 11 en 1983, les amateurs de sensations fortes devront attendre le 15 mars 1984 pour découvrir dans les show rooms des concessions Renault la nouvelle 11 Turbo. En bonne GTI des années 80, la R11 Turbo s'est parée de la panoplie des sportives sans verser toutefois dans le mauvais goût. Basée sur la version TXE, le haut de gamme "bourgeois" des "R11", la Turbo hérite d'un bouclier avant avec un aileron dans sa partie inférieure, tandis que la face avant reçoit deux optiques anti-brouillard complétant les quatre optiques carrées insérés dans la calandre noire.
Les flancs sont soulignés par des liserés en dégradé de bas vers le haut surmonté de l'inscription "Turbo" sur la partie avant de la porte. Enfin des jantes alu de 14 pouces à la jante en carré avec quatre branches sont de série. Et c'est tout !

Un intérieur bien équipé mais d’une piètre qualité
L'habitacle part donc de la version TXE avec un combiné d'instruments plus complet (avec le manomètre du turbocompresseur, un accessoire dont se dispense aujourd'hui une Mégane RS pourtant suralimentée elle aussi !). Le volant est propre aux versions Turbo avec un moyeu bombé et frappé de l'inscription "Turbo". Les sièges sont dits à "pétale" une mode qui a sévit chez Renault dans les années 80. Leur dessin pouvait laisser espérer un maintien latéral efficace, mais à l'usage, c'était moins évident. L'équipement de série comportait les vitres électriques et la fermeture centralisée complété de l'indispensable "plip" Renault de l'époque ! Un coup de pouce sur le bouton de la boite en plastique noir et la voiture s'ouvrait alors. La classe totale... à condition de viser juste vers le récepteur dans l'habitacle. La banquette arrière était rabattable 2/3-1/3 permettant ainsi avec le hayon à d'indéniables aspects pratiques. Reste que si la R11 était bien équipée et confortable, la qualité des matériaux utilisé était quant à elle, bien inférieure à celle des concurrentes. C’était d’ailleurs le cas de toutes les françaises des années ‘80.

Un moteur bien connu
Sous le capot avant, on retrouve une vieille connaissance puisqu'il s'agit en fait du moteur de la Renault 5 Alpine Turbo. Baptisé C1J-L760, le bloc moteur est de la famille "Cléon" et est en fonte. Il conserve comme sur la R5 les chemises humides ainsi que des pièces de bas moteur comme le vilebrequin et les bielles. On retrouve la cylindrée et les cotes à l'identique que la R5 Alpine et Alpine Turbo (77 x 76 mm). Côté changements, on note de nouveaux pistons (avec leurs segments), de même qu'une nouvelle culasse avec des chambres de combustion non plus hémisphériques mais en forme de toit. Renault reste fidèle à l'arbre à cames latéral et ses culbuteurs, ce qui marque un choix très désuet face à la déferlante des arbres à cames en tête sur les GTI de l'époque.
Les soupapes d'échappement innovent par une nouvelle forme (queue chromée et tulipe en Resistel). Toutes ces modifications dans la partie haute du moteur expliquent l'abaissement du taux de compression qui passe de 8,6 à 8,0. Pour l'alimentation, Renault reste fidèle au carburateur Solex simple corps "soufflé" allié à un turbocompresseur Garret T2. Plus petit et plus léger que le T3 monté sur la Renault 5 Alpine Turbo, il permet de diminuer l'inertie et donc d'offrir plus de souplesse à bas régime. Il est complété d'un échangeur air/air. Avec une telle mécanique, Renault offre 105 ch à 5500 tr/mn et 16,5 mkg de couple à 2500 tr/mn. Le conducteur pouvait ainsi compter sur des performances de choix pour 1984 avec un 0 à 100 km/h en 9 secondes, 16 secondes pour le 400 m et 30 secondes pour le kilomètre départ arrêté. Des scores meilleurs que sa rivale directe
et française, la Peugeot 205 GTI 1600. La boîte de vitesses est toujours à 5 rapports, et est dérivée de celles des autres Renault 11 (JB à 5 rapports) mais renforcée pour supporter le couple. Le fait que le moteur soit implanté transversalement et non plus longitudinalement comme sur la R5 Alpine Turbo, ne change rien à la boîte.

Un châssis sérieux
En bonne traction puissante, la Renault 11 Turbo a profité d'une suspension avant revue et renforcée. Si les ressorts/amortisseurs sont renforcés, la barre antiroulis reste de même section que sur les autres modèles de la gamme R11. La fixation modifiée de la crémaillère ainsi que les jantes plus larges ont nécessité une géométrie spécifique. L'essieu arrière utilise des bras tirés avec longues jambes élastiques et ressorts à barres de torsion. Les bras ont été renforcés (de 18,5 à 19,5 mm) et le carrossage est un peu plus négatif. La barre antiroulis est plus épaisse avec un diamètre de 23,5 mm. Pour le contact avec le sol, les jantes alu de 14 pouces sont chaussées de pneus Michelin MXV 175/65 R 14. Le freinage fait appel à des disques ventilés avant et des tambours arrière.

La R11 en compétition
La Renault 11 Turbo connu un engagement soutenu en compétition et devient même le cheval de bataille de la Régie en championnat de France, puisque la R5 Turbo du se retirer avec l'arrêt des groupe B. Tout d'abord en groupe N puis en groupe A, les R11 Turbo accumuleront les places d'honneur avec des pilotes de talents comme Jean Ragnotti, Alain Oreille, François Chatriot et leurs co-pilotes respectifs. Dès 1984, Renault remporte ainsi le championnat de France des rallyes en groupe N avec sa Renault 11 Turbo. En 1985, Renault pense au pères de famille avec une variante 5 portes qui vient compléter l'offre avec la R9 Turbo. La même année, afin de célébrer les succès de la R11 Turbo en rallye, une série spéciale Zender est étudiée et vendue par Renault. Elle ne diffère que pas sa présentation extérieure spécifique et
sa définition figée. La même année, la R11 Turbo groupe A deux roues motrices est développée par Renault Sport. Les acheteurs disposent avec elle d'une voiture compétitive (son moteur est poussé à 150 ch) à un prix abordable.

La Renault 11 phase II
Pour le millésime 1987, Renault remanie légèrement sa gamme Renault 11 et 9. Si la R11 se maintenait encore avec une baisse des ventes de près de 20%, la R9 chutait beaucoup plus lourdement avec plus de 40% de baisse ! Un léger facelift a donc été opéré sur la carrosserie touchant essentiellement la face avant avec des nouveaux boucliers, de nouveaux blocs optiques et une nouvelle calandre. la face arrière recevait également des blocs optiques (discrètement) revus. Le rendement aérodynamique quant à lui, restait modeste avec un Cx de 0,37 (0,38 pour la Renault 9). Les versions Turbo recevaient des optiques avant plus larges et des bas de caisse dans le plus pur style tuning de l'époque. Un liseré rouge entourait la caisse. L'habitacle demeurait lui inchangé par rapport aux phase 1. Comme sur les premières générations, les 11 et 9 conservaient leurs planches de bord différenciées. Si le châssis évoluait peu hormis les jantes alu (toujours du 14 pouces) au dessin nouveau, la mécanique était nouvelle ou presque. En fait, les ingénieurs de Renault ont repris le moteur de la Supercinq GT Turbo, expliquant ainsi le gain de 10 ch par rapport aux Renault 11 Turbo première génération. La seule différence notable avec la mécanique des Supercinq GT Turbo est l'emploi d'un dispositif de détection de cliquetis cylindre par cylindre.
Côté châssis, la seule grosse évolution concerne la pose de disques de frein arrière. Ainsi gréé, les nouvelles R11 Turbo progressent sensiblement en performances avec 192 km/h en vitesse de pointe (contre 186 précédemment), un 1000 mètres en 29,8 secondes et un 400 mètres en 16,1 secondes. Des performances qui étaient excellentes pour l'époque et plaçaient alors les Renault 11 Turbo dans le peloton de tête de leur catégorie. Mais leur aspect désuet par rapport à la concurrence les a souvent éclipsé du choix des clients dans cette période où les GTI étaient "mode"...

Au cours de la saison 1987, l'équipage Jean Ragnotti-Philippe Thimonier termine 2e au Portugal, 3e au San-Remo, 4e en Corse et 5e à l'Acropole. La Renault 11 Turbo groupe A est aussi championne des Rallyes en Suisse avec Eric Ferreux et remporte de très nombreux rallyes nationaux. En 1989, la R11 turbo connaît son dernier millésime et sa production cesse, même si elle reste dans des définitions plus bas de gamme produite dans des pays pour des marchés émergeants.

Acheter une R11 Turbo
Moins côtée que la Super 5 GT Turbo, la Renault 9/11 Turbo offre les mêmes performances ou presque pour un prix dérisoire. En effet, pour 1.500 euros, elle s'offre à vous dans des états parfois très fatigués. N'hésitez pas à y mettre plus (le double !) si vous tombez sur une voiture bien conservée, pas trop kilométrée, avec historique et factures à l'appui. Car, si ces modèles ne sont pas encore reconnus dans le monde de la collection, cela ne saurait tarder ! N’écoutez pas les vieux cons qui ne jurent que par les autos de plus de trente ou quarante ans ! La R11 comme beaucoup d’autos des années 80 deviendra une auto recherchée. La raison tient au fait que la production de la R11 ne s'est arrêtée que récemment, en 1989. Une durée trop courte, compte tenu du nombre d'exemplaires fabriqués, pour intéresser les collectionneurs et s'attirer leurs faveurs. Mais si telle est votre ambition, dans ce cas, mieux vaut s'y prendre à l'avance car il y a fort à parier que leur cote future se situera bien au-dessus des cours actuels.
Par ailleurs, c'est aussi une voiture très plaisante à conduire au quotidien. Vous aimerez son moteur souple et énergique, son comportement sain et efficace, son entretien facile et peu coûteux, le charme kitsch de l'ordinateur de bord, les sièges avant confortables et réglables en assiette ainsi qu'un bon niveau de confort général. Vous aimerez peut-être moins la consommation très variable du moteur turbo, la fragilité de cet organe et du joint de culasse, mais surtout, la piètre qualité de fabrication de l'habitacle, à des années lumière de la Golf. Mais qu'importe ! Si elle n'a pas la popularité de la 205 GTI, la Renault 9/11 Turbo demeure une voiture emblématique parmi les petites sportives des années 80. Nostalgie, quand tu nous tiens...

Conclusion
Les Renault 9 et 11 Turbo ne sont pas encore considérées comme de véritables voitures de collection. Mais ce n’est qu’une question de temps ! Alors, armez-vous de patience pour dénicher un bel exemplaire et vous pourrez alors profiter à moindre prix d'une voiture capable d'offrir des sensations authentiques, d'une époque où tout allait si bien...

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